Connaître et maîtriser les risques liés à l'environnement
Quels risques peuvent menacer mon territoire ?
Risques majeurs
-> Définition
-> Moyens d'actions des collectivités
-> Obligations et Responsabilités
-> Les acteurs clés
-> Ressources
1. Définition : Qu’entend-on par risque industriel ?
Les sites qui abritent des industries chimiques ou pétrochimiques peuvent présenter, en cas d’accident au sein d’une de ces installations, un risque d’explosion, d’incendie ou de dispersion d’un nuage toxique.
Le principe d’Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) prend en compte ces différents risques accidentels et les conséquences éventuelles sur l’environnement. Les ICPE considérées comme particulièrement à risques sont classées selon la réglementation imposée par une directive européenne, la directive Seveso.
Ainsi, qu’il s’agisse d’une usine de fabrication d’explosif, d’une raffinerie de pétrole ou d’un site de stockage de matières dangereuses, ces ICPE font l’objet de contrôles et de mesures, afin de limiter au mieux les risques pour les populations riveraines et l’environnement.
Comme le montre la carte des sites classés Seveso, leur répartition sur le territoire national est assez hétérogène, certaines régions étant plus concernées que d'autres : Rhône-Alpes, l’Aquitaine, la Haute-Normandie et PACA sont ainsi les 4 régions qui abritent le plus de ces installations, dont le nombre total avoisine les 1150 (pour 616 classées « seuil haut » en 2009).
Entre 1992 et 2009, près de 20 000 accidents impliquant des ICPE ont été répertoriés, soit plus de 1100 accidents en moyenne par an. Si l’industrie chimique compte mois de 0,2 par site et par an, les sites pétrochimiques sont plus sensibles (plus de 1,6 accident par site et par an). Les effets de ces accidents peuvent se traduire par des pollutions de l’air et de l’eau :
Ces accidents surviennent suite à un problème mécanique ou électronique, ou à une erreur de manipulation, qui peut elle-même entrainer une réaction chimique incontrôlée et dangereuse. De même, une catastrophe naturelle ou technologique (tempête, séisme, inondation, explosion, etc.) peut entrainer un accident au sein d’un site industriel.
2. Quelles sont les conséquences possibles d’un accident industriel ?
Les accidents peuvent se traduire par une pollution des eaux, de l’air ou encore du sol, mais également par des phénomènes particulièrement violents : explosions de type BLEVE (>Boiling Liquid Expanding Vapor Explosion = explosion due aux vapeurs en expansion d’un liquide en ébullition) comme à Feyzin en 1966, ou UVCE (Unconfined Vapor Cloud Explosion = explosion due à un nuage de vapeur à l’air libre), comme celui qui a provoqué l’explosion de l’usine AZF, à Toulouse, en septembre 2001.
Quelques cas d’accidents impliquant des matières dangereuses :
La raffinerie mise en service en 1964 traite 1,7 Mt/an de pétrole. Sa zone de stockage de GPL comprend 12 850 m³ (capacité théorique 13 100 m³) d'hydrocarbures sous pression dans 10 sphères de propane ou de butane. Les sphères sont au plus proche à 22,50 m de l'autoroute A7. Un aide opérateur prélève un échantillon lors d'une purge sur une sphère de propane de 1 200 m³ remplie à 60 %. Après plusieurs incidents, une procédure opératoire stricte avait été établie pour purger les sphères (ouverture de la vanne supérieure, puis progressivement de la vanne inférieure sans jamais l'ouvrir à fond). A 6h40, l'aide opérateur manoeuvres dans le mauvais ordre les vannes en série qui givrent et se bloquent.
Une fuite de propane génère un nuage inflammable qui dérive lentement jusqu'à l'autoroute. Des voitures le traversent sans conséquences.
Mais à 7h15, une voiture arrêtée à 100 m du point de fuite sur le CD4 longeant l'autoroute allume le nuage ; son chauffeur grièvement brûlé décèdera ultérieurement. Un violent chalumeau apparaît sous la sphère 1 min plus tard. Les secours de la raffinerie, de Vienne et de Lyon arrivés entre 7 h et 8h30, essaient de refroidir les sphères voisines et d'éteindre la torchère géante qui prend une nouvelle ampleur après l'ouverture des soupapes de sécurité sur le haut de la sphère. Celle-ci explose brutalement vers 8h45 (1er BLEVE) en faisant 13 victimes. La boule de feu culmine à 400 m de hauteur et atteint 250 m de diamètre. Une sphère voisine de propane explose à son tour à 9h40 (2ème BLEVE) sans faire de victimes. Le bilan humain est lourd : 18 morts dont 11 sapeurs pompiers et 84 blessés sur 158 personnes présentes. D'importants dommages matériels sont observés : inflammation des réservoirs voisins et ouverture de plusieurs sphères de stockage, missiles dus aux BLEVEs retrouvés à plus de 700 m dont l'un de 48 t à 325 m, immense cratère à la place des 2 sphères, 8 000 m³ (1 500 t) de produits pétroliers perdus. Le souffle de l'explosion est perçu jusqu'à Vienne (16 km au sud) et 1 475 habitations ont été atteintes. Des responsabilités pénales sont retenues envers l'aide opérateur et l'agent de sécurité pour méconnaissances des consignes. Le Directeur du site est également mis en cause. En matière civile, des dommages et intérêt sont retenus. Cette catastrophe entraîne de profondes réformes de la règlementation et de l'administration chargée du contrôle des installations classées.
Dans la nuit du dimanche au lundi, un feu se déclare à 3h05 dans l'un des 4 bâtiments contigus (A/B/C/D) d'un site SEVESO formulant des produits agropharmaceutiques (poudres, granulés) et stockant des produits finis solides et liquides. Les installations sont à l'arrêt lors des faits. Moins d'1 h après sa ronde, le gardien donne l'alerte après confirmation d'un incendie dans la zone D1. Le cadre d'astreinte et le directeur rejoignent l'usine. A leur arrivée à 3h27, les pompiers constatent que 3 des bâtiments sont en feu. Les utilités sont coupées, le POI est déclenché, puis le PPI à 4h22. Un périmètre de confinement de 400 m est mis en place autour du site. Un silo de farine et des structures légères sont protégés par arrosage. Les eaux d'extinction (500 m³/h) sont récupérées dans une rétention en partie basse du site par actionnement de ballons gonflables. A la suite d'une défaillance de la pompe de reprise, elles sont pompées et évacuées pour partie par camions d'une société spécialisée ou transférées vers un bassin étanche (10 000 m³) prévu à cet effet après mise en place d'une pompe de secours mobile. Une centaine de pompiers maîtrise le sinistre en fin de matinée; 5 seront blessés ou incommodés (brûlures, nausées) lors de l'intervention. Les 4 bâtiments (7 500 m²) et un stock de 1 700 t de phytosanitaires sont détruits. Les dommages matériels et la perte d'exploitation s'élèvent à 40 Meuros. Une odeur âcre est perceptible à plusieurs dizaines de kilomètres, 3 000 personnes sont invitées à se confiner à leur domicile ou sur leur lieu de travail. Les fumées incommodent des habitants et personnels des entreprises de la ZI. L'analyse de ces fumées révèle la présence de composés soufrés (H2S, CS2, SO2) et d'HCN. Bien que des concentrations de CS2 dépassent le seuil de toxicité (VME 10 ppm) au-dessus du foyer, aucun dépassement n'est noté pour les différents polluants en limite du site. Plusieurs entreprises de la zone ont dû suspendre leurs activités le jour du sinistre. La lente combustion des produits chimiques se poursuit sous la surveillance des pompiers avec émission de fumerolles plusieurs jours durant. Une station de mesures mobile située sous le vent à 200 m du site, doit suivre notamment la concentration dans l'air des produits soufrés. La cause de l'incendie étant inconnue, une enquête judiciaire est effectuée et la compagnie d'assurance mandate des experts. L'arrêté préfectoral du 29/06 suspend le fonctionnement du site et conditionne le redémarrage des équipements non incendiés à la totale remise en service des équipements de sécurité. Source : ARIA, MEDDTL.
Entre 20 et 120 t d'un stock de plus de 300 t de rebuts de nitrate d'ammonium détonent dans une usine d'engrais. Les causes et circonstances de l'accident feront l'objet de plusieurs enquêtes et expertises dans les mois qui suivent. Le dépôt formait sur 250 m² un cordon de 25 m de long, 8 à 10 m de large et 2 à 4 m de hauteur. L'explosion, correspondant sur le plan sismique à une magnitude 3,4 sur l'échelle de Richter, aurait été perçue jusqu'à 75 km de distance. Son intensité est évaluée à l'équivalent de 20 à 40 t de TNT. Lors de l'explosion, 266 employés de l'usine et 100 sous-traitants travaillent sur le site ; 21 victimes sont à déplorer sur le site AZF, dont 5 personnes (intérimaires compris) travaillant pour des entreprises sous-traitantes et 5 autres exerçant des activités diverses (livreur, dépanneur d'ascenseurs...) ou de passage, 1 sur celui de la SNPE et 9 personnes à l'extérieur (dont 2 en milieu hospitalier) tuées lors de l'explosion ou décédées les jours suivants, plus d'une trentaine de blessés graves dont 21 resteront hospitalisées plus d'un mois (300 plus de 6 jours). Un élève du lycée Gallieni à 500 m de l'épicentre est ainsi tué lors de l'effondrement d'une structure béton et plusieurs personnes sont blessées. Deux personnes sont tuées dans un établissement d'entretien de véhicules sis à 380 m et un mort est recensé dans l'immeuble d'EDF à 450 m de l'épicentre. Des milliers de personnes seront hospitalisées. Le 17/10/01, la préfecture de Haute-Garonne recense 2 442 blessés au total. Les dommages matériels internes sont considérables : cratère ovale de 65 par 45 m et de 7 m de profondeur à l'emplacement du dépôt, 80 ha de l'usine en grande partie dévastés. L'établissement et 5 autres sites chimiques proches également atteints doivent suspendre leurs activités et se mettre en sécurité en évacuant durant plusieurs mois leurs stocks de produits dangereux ; 1 300 autres entreprises industrielles, commerciales et artisanales sinistrées à des degrés divers (21 000 salariés) seront progressivement répertoriées les semaines suivantes. Dans un rayon de 3 km, 26 000 logements ont été endommagés dont 11 200 gravement, et plus de 1 200 familles sont à reloger. Les assureurs évaluent les dommages entre 1,5 et 2,3 milliards d'euros. Des dizaines de sinistrés dont les vitres des habitations ne sont toujours pas remplacées subiront les premiers froids de l'hiver plusieurs mois après le sinistre. Entre le 17 et le 19/10/01, plusieurs tonnes d'effluents ammoniaqués déversées dans la GARONNE polluent le fleuve sur 1,5 km tuant 8 000 poissons. En juillet 2006, plus de 750 000 m³ de terre ont été excavés pour traitement ; les travaux s'achèveront au début de l'année 2008. L'exploitant évalue à 100 millions d'euros le démantèlement et la dépollution du site. Le 19 novembre 2009, le tribunal correctionnel de Toulouse prononce la relaxe des prévenus au bénéfice du doute. Le procès en appel débutera le 3 novembre 2011 à Toulouse.
Les sites industriels producteurs d’émissions polluantes sont classées IED (ex IPPC), et représentent environ 3200 installations en France. Si certaines sont également classées Seveso, ces deux classification sont indépendantes et l’une n’implique pas forcément l’autre. Ces installations IED sont donc soumises à une autorisation préfectorale et doivent réduire ou supprimer leurs émissions grâce à des mesures techniques adaptées.
3. Comment savoir si mon territoire est concerné ?
L’Etat tient à la disposition du grand public des bases de données permettant à chacun de se renseigner sur l’existence d’éventuels sites industriels et des risques qu’ils représentent sur un territoire donné. Si les informations recensées sur ces différents sites peuvent parfois être incomplètes, elles permettent néanmoins de situer les sources majeures de risques, et peuvent être complétées par les acteurs locaux : élus, services décentralisés, associations, etc.
La base Basias inventorie tous les sites industriels abandonnés ou non, susceptibles d'engendrer une pollution de l'environnement
La base documentaire ARIA recense les accidents d’ICPE qui ont eu des conséquences néfastes sur la santé des personnes et/ou sur l’environnement.
La base AIDA de l’INERIS recense les textes de réglementation liés aux ICPE.
La recherche d’une installation classée soumise à autorisation ou à enregistrement en fonction de son activité, de sa classification SEVESO et/ou IPPC, etc.
Le registre français des émissions polluantes regroupe les données déclarées par les installations relevant de la directive IED .
La base Basol présente les sites dont le sol est pollué de manière avérée ou présumée.
4. Quel peut être l’impact du changement climatique sur les risques industriels ?
Les phénomènes naturels peuvent être à l’origine d’accidents industriels importants, qu'on qualifie alors de risques Natech (NATurel-TEChnologique), comme l’a récemment montré la catastrophe nucléaire de Fukushima. Des évènements plus mineurs, comme des précipitations importantes ou des vents violents, peuvent également occasionner des accidents industriels aux conséquences importantes : incendie (notamment par la foudre), pollution de l'eau, etc. Les sécheresses peuvent également représenter une menace pour les installations qui requièrent une importante quantité d’eau pour leur refroidissement.
- Un colloque est organisé depuis deux ans sur cette thématique par l'Université Mulhouse, Colmar, Alsace : le colloque Natech.
- L'Etablissement Public Loire a mis en place un dispositif visant à effectuer des diagnostics de vulnérabilité des entreprises soumises au risque d'inondation.
Les prévisions du GIEC pour les phénomènes climatiques extrêmes tablent sur une hausse de leur fréquence et de leur intensité, les effets du changement climatique pourraient donc s’avérer néfastes pour les ICPE, qui auront le besoin de s’y préparer pour anticiper la hausse des risques. Ainsi, le risque d’inondation est déjà traité par les responsables des ICPE dans le cadre des études de danger obligatoires (Article R512-6 du code de l’environnement).
Un violent orage provoque dans l'après-midi l'inondation d'un poste de détente de gaz naturel. L'amas d'eau entraîne ainsi une surpression et la fermeture de vannes privant d'alimentation 17 000 abonnés de Bordeaux, Talence et Bègles. Près de 160 employés des services du gaz sont mobilisés, les premières réouvertures de ligne ont lieu le dimanche 22/05 et les dernières en milieu de semaine.