Connaître et maîtriser les risques liés à l'environnement


Quels risques peuvent menacer mon territoire ?

Risques majeurs

-> Définition
-> Moyens d'actions des collectivités
-> Obligations et Responsabilités
-> Les acteurs clés
-> Ressources

 

1. Définition : Qu’entend-on par risque de Retrait-Gonflement des Argiles ?

 

Un sol argileux est composé d’une multitude d’éléments microscopiques, organisés en feuillets et capables de retenir une certaine quantité d’eau. Ce type de sol se caractérise par sa faculté à changer de consistance en fonction de son taux d’humidité. Ainsi, un sol argileux humide sera collant, malléable et plus volumineux qu’à l’état sec, où il est dur et cassant.

Cette différence de consistance est à l’origine de mouvements lents, mais importants, du sol : retrait lors d’une période sec, gonflement lors d’une période humide. Des facteurs peuvent accroitre les mouvements : végétation, terrain en pente, variations climatiques particulièrement importantes (alternance entre sécheresses et périodes pluvieuses), travaux d’aménagement, hétérogénéité géologique du sol, fondations liées à celles d’un autre bâtiment, etc.

rga schémaSource : BRGM.

 

2. Quelles sont les conséquences possibles du phénomène de RGA ?

 

Ces mouvements du sol peuvent être à l’origine de dégâts, qui se manifestent par des fissures de façade, des décollements entre les bâtiments, de déformations autour des portes et fenêtres, voire des ruptures de canalisation dans certains cas. Les bâtiments aux fondations mal adaptées sont particulièrement vulnérables.

Les épisodes de sécheresse ayant frappé la France au début des années 1990 ont amené l’Etat à inscrire ce phénomène au régime des catastrophes naturelles. Depuis, plusieurs dizaines de milliers de maisons individuelles ont été sinistré sur le territoire français, représentant près de 4,5 milliards d’euros de remboursements par la Caisse Centrale de Réassurance.

 

Retour sur l’épisode de sécheresse de 2003 et de ses conséquences sur le phénomène de RGA :

Si la canicule de 2003 a frappé pour longtemps les esprits des Français pour ses graves conséquences sanitaires, l’intensité de la sécheresse qui l’a accompagné fut à l’origine de très nombreux dégâts sur les bâtiments situés sur des sols argileux. Ainsi, selon la Caisse Centrale de Réassurance, le nombre de bâtiments endommagés suite à un RGA était de 22 000 en moyenne entre 1989 et 2002, alors que l’épisode de 2003 a provoqué près de 140 000 sinistres à lui seul, pour un montant total de plus d’un milliard d’euros.

 

rga 2003
Source : Caisse Centrale de Réassurance

Cette sécheresse a cependant permis d’entrainer une réflexion sur la méthodologie utilisée par les pouvoirs publics pour déterminer l’état de catastrophe naturelle dû à une sécheresse, capital pour le remboursement des dégâts liés au RGA. Le caractère atypique de l’épisode de 2003 a amené à un assouplissement des critères pris en compte pour l classement en état de catastrophe naturelle, permettant de passer de 200 communes potentiellement classées à près de 4400. Cependant, des sols argileux très localisés peuvent être situés dans des communes non classés, pourtant voisines et soumises aux mêmes conditions géologiques que des communes classées. Un rapport du Sénat publié en 2009 revient sur ces points 

 

3. Comment savoir si mon territoire est concerné ?

 

En France, toutes les régions sont concernées, à divers degrés, par le risque RGA. La carte des reconnaissances de l’état de catastrophe naturelle pour le phénomène de RGA (ou « péril sécheresse ») de 1989 à 2008, établie par la CCR, permet de visualiser la dimension territoriale de ce risque.

CCR RGA

 

  • Le site « Aléa retrait et gonflements des Argiles » permet depuis 2004 de consulter les cartes d’aléa par département ou par commune, de s’informer sur les manifestations du phénomène et la manière de les prévenir, et de télécharger les rapports et les cartes d’aléa déjà parus.

Exemple : Carte de susceptibilité au retrait-gonflement des formations argileuses (ou marneuses) en Hauts-de-Seine

RGA 92Sources : Source : BRGM

 

  • La base de données BDMvt recueille et cartographie les informations permettant le porté à connaissances des divers phénomènes de mouvements de terrainsdans leur ensemble, dont les retrait-gonflement des argiles.
  • Les études menées par le BRGM peuvent être complétées par des analysés à des échelles plus fines, via des études géotechniques. Ces études peuvent permettre d’anticiper non seulement la présence de sites archéologiques, de pollutions diverses, mais aussi de repérer la présence de sols argileux et donc potentiellement dangereux pour les constructions. Un certain nombre de ces bureaux d'études géotechniques, sont référencés sur le site de l’Union Syndicale de Géotechnique

 

4. Quel peut être l’impact du changement climatique sur le risque de RGA ?

 

L’un des derniers rapports du GIEC sur les liens entre évènements météorologiques extrêmes et changements climatiques aborde la question des sécheresses. Si certaines régions ont vu, ces dernières années, la fréquence et l’intensité des sécheresses diminuer (Australie, Amérique du Nord), certaines, dont l’Europe du Sud, seront susceptibles de voir ces sécheresses devenir plus fréquentes, intenses et longues au cours du XXIème siècle. Un degré de confiance « moyen », en raison des divergences internationales visant à définir le terme de « sécheresse », est donc donné.

Or, le risque de RGA est représentatif des interactions Climat / Risques. Une analyse de l’Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique fait état, selon les scénarios avancés par le GIEC, d’un coût annuel moyen de 700 à 1300 millions d’euros en 2100 liés au RGA, sans prise en compte de l’urbanisation dans les estimations. La prise en compte du l’urbanisation dans l’étude prospective prévoit une hausse de 17% des coûts d’ici 2030. Une adaptation des constructions des maisons et autres bâtiments va donc être de plus en plus nécessaire, au risque de voir les coûts des assurances augmenter drastiquement. Le rôle des élus, notamment en matière d’élaboration de PPRN et de règles de construction dans les documents d’urbanismes, sera donc capital dans les années à venir.